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vie à contempler ces scènes de deuil, j'y suis muet.
Pendant qu'elle voyait devant elle fixement et sans pleurer, je retournais dans mes mains la fiole qu'elle
avait apportée dans la sienne ; elle alors, la regardant de travers, semblait dire, comme Juliette : "L'ingrat !
avoir tout bu ! ne pas me laisser une goutte amie ! "
Nous restions ainsi l'un à côté de l'autre, assis et pétrifiés : l'un consterné, l'autre frappée à mort ; aucun
n'osant souffler le mot, et ne le pouvant.
Tout d'un coup une voix sonore, rude et pleine, cria d'en bas :
"Come, mistress Bell ! "
A cet appel, Kitty se leva comme par un ressort ; c'était la voix de son mari. Le tonnerre eût été moins
fort d'éclat et ne lui eût pas causé, même en tombant, une plus violente et plus électrique commotion. Tout le
sang se porta aux joues ; elle baissa les yeux et resta un instant debout pour se remettre.
"Come, mistress Bell ! " répéta la terrible voix.
XVIII. Un escalier 49
Les consultations du docteur Noir ; Stello : première consultation ; Daphné : seconde consultation du docteur Noir
Ce second coup la mit en marche, comme l'autre l'avait mise sur ses pieds. Elle descendit avec lenteur,
droite, docile, avec l'air insensible, sourd et aveugle d'une ombre qui revient. Je la soutins jusqu'en bas ; elle
rentra dans sa boutique, se plaça les yeux baissés à son comptoir, tira une petite Bible de sa poche, l'ouvrit,
commença une page, et resta sans connaissance, évanouie dans son fauteuil.
Son mari se mit à gronder, des femmes à l'entourer, les enfants à crier, les chiens à aboyer.
"Et vous ! s'écria Stello en se levant avec chagrin.
- Moi ? je donnai à M. Bell trois guinées, qu'il reçut avec plaisir et sang-froid en les comptant bien.
- C'est, lui dis-je, le loyer de la chambre de M. Chatterton, qui est mort.
- Oh ! dit-il avec l'air satisfait.
- Le corps est à moi, dis-je ; je le ferai prendre.
- Oh ! me dit-il avec un air de consentement."
Il était bien à moi, car cet étonnant Chatterton avait eu le sang-froid de laisser sur sa table un billet qui
portait à peu près ceci :
"Je vends mon corps au Docteur [le nom en blanc], à la condition de payer à M. Bell six mois de loyer
de ma chambre, montant à la somme de trois guinées. Je désire qu'il ne reproche pas à ses enfants les gâteaux
qu'ils m'apportaient chaque jour et qui, depuis un mois, ont seuls soutenu ma vie."
Ici le Docteur se laissa couler dans la bergère sur laquelle il était placé, et s'y enfonça jusqu'à ce qu'il se
trouvât assis sur le dos et même sur les épaules.
"Là ! - dit-il avec un air de satisfaction et de soulagement, comme ayant fini son histoire.
- Mais Kitty Bell ? Kitty, que devint-elle ? dit Stello, en cherchant à lire dans les yeux froids du
Docteur Noir.
- Ma foi, dit celui-ci, si ce n'est la douleur, le calomel des médecins anglais dut lui faire bien du mal...
car, n'ayant pas été appelé, je vins quelques jours après visiter les gâteaux de sa boutique. Il y avait là ses
deux beaux enfants qui jouaient et chantaient en habit noir. Je m'en allai en frappant la porte de manière à la
briser.
- Et le corps du Poète ?
- Rien n'y toucha que le linceul et la bière. Rassurez-vous.
- Et ses poèmes ?
- Il fallut dix-huit mois de patience pour réunir, coller et traduire les morceaux des manuscrits qu'il
avait déchirés dans sa fureur. Quant à ceux que le charbon de terre avait brûlés, c'était la fin de la Bataille
d'Hastings, dont on n'a que deux chants.
- Vous m'avez écrasé la poitrine avec cette histoire", dit Stello en retombant assis.
XVIII. Un escalier 50
Les consultations du docteur Noir ; Stello : première consultation ; Daphné : seconde consultation du docteur Noir
Tous deux restèrent en face l'un de l'autre pendant trois heures quarante-quatre minutes, tristes et
silencieux comme Job et ses amis. Après quoi Stello s'écria comme en continuant :
"Mais que lui offrait donc M. Beckford dans son petit billet ?
- Ah ! à propos, dit le Docteur Noir, comme en s'éveillant en sursaut...
C'était une place de premier valet de chambre chez lui."
XVIII. Un escalier 51
Les consultations du docteur Noir ; Stello : première consultation ; Daphné : seconde consultation du docteur Noir
XIX. Tristesse et pitié
Pendant les longs récits et les plus longs silences du Docteur Noir, la nuit était venue. Une haute lampe
éclairait une partie de la chambre de Stello ; car cette chambre était si grande, que la lueur n'en pouvait
atteindre les angles ni le haut plafond. Des rideaux épais et longs, un antique ameublement, des armes jetées [ Pobierz caÅ‚ość w formacie PDF ]

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